CHAP I : APERCU GENERAL DE L’HISTOIRE DE ROME
L’histoire de Rome
comporte 4 grandes périodes, qui vont du 10ème siècle a.C au milieu
de 5e siècle p.C. Ce sont :
-
La Royauté,
période pour laquelle on possède peu de documents historiques et beaucoup de
légendes.
-
La
République, pendant laquelle Rome doit d’abord devenir une cité forte (à la
suite de la crise de croissance) ; ensuite elle agrandit son pouvoir par
des conquêtes (grandes conquêtes) qui provoquent des déséquilibres et des
troubles graves. (guerres civiles) qui aboutiront à un changement de régime
politique.
-
L’Empire est
le régime né de ces troubles, établi peu à peu par Auguste : trois grandes
dynasties se succèdent au pouvoir.
-
Le
Bas-Empire est une longue suite de crises et de périodes paisibles, mais où les
Barbares deviennent de plus en plus menaçants et finissent par détruire la
partie occidentale de l’empire.
1. LA ROYAUTE
a.
Origine
Selon les preuves archéologiques, les
premiers Romains étaient des agriculteurs et des bergers latins vivant dans de
petites huttes de village sur les collines de l’Esquilin et du Palatin. Les
Sabins, un peuple vivant au nord de la ville, se divisèrent peu après sa
fondation, et certains d’entre eux se dirigèrent vers le sud et s’unirent au
peuple de Rome.
Vers le 9e siècle, 7 villages latins
s’unissent en une ligue latine appelée « Septimontium », mais les
sabins imposent leur direction à cette ligue. La puissance d’Albe s’oppose au
Septimontium, qui la détruit avec l’aide des petites cités latines.
Albe détruite, les cités latines ne reconnaissent
plus l’autorité du Septimontium, le Latium tombe dans l’anarchie.
Au 6e siècle, les Etrusques en
profitent pour envahir le Latium et former sur les 7 collines une véritable
ville, qui reçoit le nom de Rome.
b.
Selon la légende
Selon
la légende, les frères Amulius et Numitor, deux descendants d’Énée, se
battirent pour le trône d’Alba Longa. Amulius triompha, tua les fils de
Numitor et exila sa fille, Rhéa Silvia, lui conférant le rôle de vestale
afin de la priver de toute descendance. Grâce à une intervention divine, elle
donna cependant naissance à deux jumeaux : Romulus et Rémus.
Menacé
par ces prétendants potentiels au trône, Amulius fit décapiter Rhéa Silvia
et jeter les bébés dans le Tibre. Par miracle, une louve sauva et pris soin des
garçons jusqu’à ce qu’un berger, Faustulus, les adopte et les élève sur la
colline du Palatin, dans la Rome actuelle.
Les
frères établirent ensuite la ville de Rome sur les rives du Tibre, dans une
zone suffisamment étroite pour être traversée, et dotée de collines leur
conférant une bonne position défensive. La terre entre les collines, en
revanche, était assez marécageuse et peu fertile ; les jumeaux ne
tardèrent pas à se disputer, étant en désaccord quant aux limites exactes de la
ville, et Romulus tua Rémus.
Avec
les hors-la-loi et les criminels qu’il avait recrutés, Romulus organisa une
fête, y convia la tribu voisine des Sabins, qui refusait les tentatives de
mariage avec les Romains, et profita de l’occasion pour enlever les jeunes
Sabines. Selon la légende, le rôle d’épouses romaines convenait à ces dernières
et, lorsque les hommes de leur peuple d’origine vinrent les récupérer,
elles les empêchèrent de se battre contre les Romains. Les Sabins restèrent
finalement à Rome et devinrent part intégrante de la nouvelle ville.
La légende situe la fondation de la ville au
milieu du 8e siècle ; elle évoque 7 rois :
Ø 1 roi
latin :
§ Romulus, fondateur de la ville et auteur de
l’alliance avec les Sabins ;
Ø 3 rois
sabins :
§ Numa Pompillus, organisateur de la vie religieuse
de la cité,
§ Tullus Hostillus, qui mène la lutte contre Albe.
§ Ancus Marcus qui élargit l’espace de Rome et
repousse les Latins ;
Ø 3 rois
étrusques :
§ Tarquin l’Ancien donne à Rome les caractéristiques
d’une ville
§ Servius Tullus organise l’administration, l’armée,
réalise de grands travaux publics.
§ Tarquin le Superbe s’empare du pouvoir par la
violence et s’y maintient de la même manière, provoquant finalement un
soulèvement des patriciens qui renverse la Royauté en 509 et instaure la
République.
2. LA
REPUBLIQUE (509 – 272 a.C)
La
transition politique de la Monarchie à la République a été suivie de graves
tensions sociales internes. Les peuples voisins en ont profité pour diminuer le
contrôle territorial de Rome jusqu’à le faire disparaître. C’est à partir
de cette époque, durant les 70 premières années de la République, que Rome a dû
revendiquer son identité à plusieurs reprises.
La
confusion politique a généré des moments d’instabilité durant les premières
années de la République. Il existait des partisans de la Monarchie, de la République,
de Porsenna et la Ligue latine, entre autres. Ceux qui ont conspiré en 509 av.
J.-C. n’avaient pas prévu de formule institutionnelle pour remplacer la
monarchie.
La
grande majorité des historiens s’accordent à dire que le Consulat n’est pas
apparu immédiatement après l’expulsion de Tarquin.
La
thèse la plus rependue suppose que durant la transition de la Monarchie au
Consulat, il existait une phase intermédiaire pendant laquelle on désignait un
praetor maximus pour un an. Même si ce système commençait à ressembler au
système binaire des consuls, ces derniers continuaient à se désigner comme des
préteurs jusqu’en 449 av. J.-C., avec la loi Valeria Horaria.
Il
semble que les magistratures suprêmes n’aient pas été monopolisées par les
patres – personnes qui contrôlaient le Sénat, l’armée et les sacerdoces depuis
les débuts de l’histoire de
Rome – puisque des plébéiens ont occupé le
consulat jusqu’en 485 av. J.-C. Le climat de tensions et les affrontements des
débuts de la République mèneront les factions les plus importantes à s’allier
entre elles.
À
partir de 485 av. J.-C, les patriciens ont contrôlé les magistratures civile et
religieuse, en excluant les consuls plébéiens pour qu’ils n’aient aucun type de
responsabilité au sein du gouvernement.
Le
premier consul romain fut Lucius Junius Brutus, co-fondateur de la
République romaine en 509 av. J.-C. Il est également souvent considéré comme le
premier consul de Rome.
Il
a mené l'expulsion du dernier roi de
Rome, Tarquin le Superbe, et a aidé à fonder la République. Il a été élu
comme l'un des deux premiers consuls de Rome en 509 av. J.-C. Il est devenu un
symbole de la République romaine pour avoir chassé les rois et pour le sacrifice
qu'il a fait pour la jeune république.
Le tout dernier consul de la République romaine
fut Gnaeus Domitius Ahenobarbus, qui fut consul en l'an 32
av. J.-C..
Après lui, la fonction consulaire a été remplacée par
des empereurs à partir de l'année 27 av. J.-C., marquant la fin de la
République romaine et le début de l'Empire romain
La croissance d’un organisme est toujours une
période de dangers. Rome a besoin de s’unifier à l’intérieur. A l’extérieur,
les voisins craignent cette puissance nouvelle qui s’affirme, et cherchent à la
détruire. Mais les luttes fortifient
Rome qui conquiert peu à peu l’Italie.
a.
Lutte des plébéiens pour l’égalité
A l’époque royale, seuls les patriciens (les
descendants de 100 premières familles qui s’étaient installées à Rome) avaient
des droits civils et politiques. A l’époque républicaine, la plèbe réclame ses
droits, qu’elle obtient un peu à la fois.
·
En 493, la
plèbe se retire hors de Rome sur le Mont sacré pour obtenir l’égalité avec les
patriciens : elle obtient la création des tribuns de la plèbe.
·
En 471 sont
organisés les conciles de la plèbe (concilia plebis)
·
De 451 à
449, les coutumes orales, tenues jusque-là secrètement par les patriciens, sont
mises par écrit, elles sont contenues dans la la Loi des XII Tables. De cette manière est assuré l’égalité civile.
·
En 449 les
conciles de la plèbe se transforment en Comices
tributes, assemblées du peuple disposant de pouvoirs législatifs ; cet
événement représente un début d’égalité
politique ;
·
En 445, les mariages mixtes entre patriciens et
plébéiens sont reconnus valides, ceci assure l’égalité sociale.
·
En 367, 336,
300, les plébéiens peuvent être élus successivement au consultât, à la préture,
aux sacerdoces. Ils jouissent donc dès 300 de l’égalité politique et
religieuse.
b.
Conquête de l’Italie
-
Rome se rend
maîtresse du Latium grâce à plusieurs guerres :
·
Contre les
Etrusques en 507
·
Contre la
Ligue latine en 496
·
Contre les
Volsques de 488 à 466
·
Contre les
Eques en 458
-
Une longue
période de guerres contre les Samnites lui permet de conquérir l’Italie centrale : en 343, 328,
310, en 304, malgré de grandes défaites, Rome remporte la victoire finale.
Entretemps, de 340 à 338, la guerre reprend contre
les Latins ; vaincus, ils deviennent citoyens romains.
-
En 281,
c’est la guerre contre Tarente et le roi d’Epire, Pyrrhus ; celui-ci est
vaincu à Bénévent. Tarente est prise en 272.
A ce moment, Rome est devenue maitresse de l’Italie centrale et
méridionale. Le contact de Rome avec la culture grecque en Grande-Grèce (colonies
grecques d’Italie du Sud) influencera beaucoup la civilisation romaine.
c.
Grandes conquêtes ( 272-118 a.C)
L’Italie soumise, Rome regarde vers l’extérieur et remarque la puissance de Carthage qui lui
apparaît comme rivale dangereuse. Elle cherche donc à l’anéantir, et en même
temps elle étend ses conquêtes dans
toutes les directions autour de la Méditerranée. Mais ces conquêtes elles-mêmes
amènent à Rome tant de richesse que l’équilibre social finit par se rompre et
que ce déséquilibre laisse prévoir des guerres civiles.
o Lutte contre Carthage
Pendant la première guerre punique (264-241), les
deux cités luttent pour la possession de la Sicile. Carthage, vaincue, doit
céder ses possessions siciliennes et payer un tribut. Entre la première et la
seconde guerre, Rome se fait donner la Corse et la Sardaigne. En 218, c’est la
seconde guerre punique : Hannibal part d’Espagne, traverse les Pyrénées et
les Alpes, remporte des victoires en Italie. Rome sauve la situation en portant
la guerre hors d’Italie, en Afrique. Carthage est vaincue à Zama : elle
doit renoncer à l’Espagne et à sa flotte (202).
A ce moment, la puissance romaine s’étend sur TOUT LE BASSIN OCCIDENTAL
DE LA MEDITERRANEE ;
o Développement des conquêtes (208-111)
L’appétit des conquêtes vient aux Romains ;
en orient, Rome annexe la Macédoine et la Grèce en 147, interdit au roi de
Syrie de s’étendre en Asie Mineure, hérite du royaume de Pergame en 129 et
institue la Province d’Asie. En occident, Carthage redevenue prospère
provoque la troisième guerre punique (148-146). Carthage, vaincue, doit
être complètement détruite. Rome institue la Province d’Afrique. En outre, elle
s’empare de Numance en Espagne (133) et conquiert la Gaule méridionale, qui
devient Province Narbonnaise, pour contrôler
les communications avec l’Espagne.
o Rupture de l’équilibre social
Le développement de l’esclavage et la concurrence des produits venus
des provinces conquises provoquent la ruine des petits agriculteurs et la
disparition de la classe moyenne, entrainant la formation de très grandes
propriétés (latifundia) et l’enrichissement de la classe des chevaliers. C’est
la source d’un déséquilibre social qui mènera aux guerres civiles.
Malgré les tendances
aristocratiques du sénat, le gouvernement reste démocratique. Tous les citoyens
peuvent avoir accès aux magistratures ; les comices tributes, qui votent
la plupart des lois, prennent une importance croissante.
Deux tribuns, Tiberius et Caius Gracchus, s’efforcent de remédier au
déséquilibre social par des réformes dont certaines sont favorables aux
pauvres : réforme agraire, baisse du prix du blé ; d’autres sont
favorables aux chevaliers : droit de fournir les juges aux tribunaux,
perception des impôts en Asie. Ils sont assassinés. Tiberius en 133, Gaius en
121, par les sénateurs qui ne veulent rien céder. La noblesse paralyse les lois
agraires. La mort de Graccus est suivie d’une période de gouvernement
autoritaire du Sénat, jusqu’en 106.
o Les Guerres Civiles ( 118-30 a.C)
§ Epoque
de Marius et Sylla
Les riches propriétaires qui soutiennent le Sénat
( Optimares) sont en lutte contre le
parti populaire ( populares). Marius, chevalier et officier, est élu par le
parti populaire en 188 a.C. Il réforme l’armée, qui devient une armée de métier,
termine la guerre contre Jugurtha en Afrique du Nord (118-106), élimine le
danger des Teutons ( Aix-en-Provence, en 102) et des Cimbres ( Verceil, en 101)
en Gaule.
En 90, les cités alliées se rebellent contre Rome
dont elles veulent obtenir le droit de cité. Sylla, patricien ruiné, les soumet
en 88 et leur obtient le droit de cité (d’après la lex plautia papiria). Il
entame la lutte contre Mithridate, roi du pont. Marius dispute à Sylla le
pouvoir et le commandement de la guerre contre Mithridate, mais meurt en 86.
Son parti gouverne jusqu’en 83.
A son retour d’Orient, Sylla proscrit et massacre
les partisans de Marius/ Il se fait nommer dictateur, mais en 79 le Sénat
l’oblige à abdiquer. Il meurt l’année suivante.
§ Epoque
de Pompée et César (73-44 a.C)
La lutte entre Marius et Sylla terminée, le sénat,
au lieu de pouvoir rétablir le régime républicain, est obligé de mener
plusieurs guerres, donc de dépendre de généraux ambitieux. Ces guerres sont les
suivantes :
·
74-63 :
Lucullus, puis pompée, mènent la seconde guerre contre Mithridate.
·
73-71 :
Pompée et Crassus luttent contre les esclaves révoltés, entrainés par
Spartacus.
·
72 :
guerre pour mater la révolte de l’Espagne : Pompée
·
67 :
guerre contre les pirates en Méditerranée : Pompée
·
63 :
Pompée met fin à la guerre contre Mithridate. Catilina, vaincu par Cicéron aux
élections consulaires, tente un coup d’Etat ; Cicéron le démaque.
Ces deux généraux couverts de gloire aspirent à un pouvoir personnel.
A la fin de 62, Pompée, Crassus
et César s’entendent secrètement pour un partage d’influence : c’est
le premier triumvirat , non officiel.
En 59, César est consul. Il fait voter des lois
agraires, mesures favorables aux gens du peuple.
En 58, les Comices tributes lui donnent le
proconsulat en Gaule Cisalpine et en Illyrie pour 5 ans ; le Sénat lui
accorde la même fonction en Gaule Narbonnaise pour 5 ans également. C’est cette
année-là qu’il commence la conquête de la Gaule.
En 55, Pompée et Crassus sont consuls. Crassus
meurt en 53.
En 52, Pompée est consul unique, gardien de
l’ordre public ; il est décidé à empêcher César de redevenir consul.
En 49, César qui n’a pas pu faire prolonger son
mandat de proconsul, rentre à Rome illégalement avec son armée, en chasse
Pompée, le bat en Grèce en 48, et défait également ses partisans en 45. Il
prend peu à peu tus les pouvoirs, en s’appuyant sur le peuple.
Etapes
de son ascension :
o
48 :
Consul
o
47 :
dictateur pour 1 an et consul pour 5 ans
o
46 :
dictateur et consul pour 10 ans, préfet des mœurs pour 3 ans
o
44 :
Dictateur à vie
Il s’efforce de donner au peuple pain et
travail ; il protège les provinciaux, dont il fait entrer les
représentants au Sénat.
Mais le parti de Pompée reprend vie (Brutus et
Crassus) et fait assassiner César le jour des ides de Mars 44.
Cette fois encore, le retour au fonctionnement
normal du régime républicain est impossible parce que le parti de César veut
continuer dans la ligne du grand dictateur.
§ Epoque
d’Octave et Antoine
Tout d’abord, Cicéron cherche à diviser les Césariens
en persuadant les républicains de soutenir Octave, petit-neveu et fils adoptif
de César, contre Antoine, ami du dictateur. Octave lève une armée privée,
Antoine est battu en 43.
Octave alors réclame le consulat, qui lui est
refusé. Il marche sur Rome, se fait élire et obtient des pouvoirs
extraordinaires qui en font le maître de Rome.
Antoine s’entend avec Lépide pour lutter contre
Octave. Mais comme Octave a d’autres ennemis, Brutus et Crassus, héritiers de
Pompé ; il préfère se réconcilier avec Antoine et Lépide. En 43, Ils se
font nommer triumvirs pour 5 ans. C’est le second triumvirat, fonction
officielle cette fois. Brutus et Crassus sont vaincus à Philippes en 42. En 43,
Cicéron avait été une des victimes de la réconciliation.
Les triumvirs se partagent les attributions du
pouvoir : Antoine gouverne l’Orient, Octave l’occident, Lépide l’Afrique,
selon un accord conclu à Brindes.
Les 5 années écoulées, le triumvirat est
renouvelé ; mais en 36, Lépide est déposé pour avoir comploté contre Octave.
Antoine, qui réorganise l’Orient, travaille en réalité au profit de la reine
d’Egypte, Cléopâtre. Il répudie sa femme Octavie, sœur d’Octave. Octave déclare
la guerre à Cléopâtre. La bataille d’Actium, en 31, voit la victoire d’Octave,
la mort d’Antoine et de Cléopâtre. L’Egypte est annexée.
Octave, avant de livrer cette guerre, s’était fait
prêter serment de fidélité par l’Italie et les Provinces. Le 16 Janvier 27, le
Sénat lui accorde le titre d’Augustus qui devient son nouveau nom.
3.
L’Empire
( 30 a.C-192 p.C)
Trois dynasties se succèdent pendant cette période :
-
La dynastie
julio-claudienne
-
La dynastie
des Flaviens qui succède à une année d’anarchie après la mort de Néron,
-
La dynastie
des Antonins.
Malgré certains empereurs gravement tarés des
crimes politiques, l’empire s’agrandit encore et se consolide.
I.
La dynastie julio-claudienne ( 27 a.C – 96 p.C)
Auguste, d’abord appelé Octave puis Octavien, est le premier
empereur romain, du 16 janvier 27 av. J.-C. au 19 août 14 ap J.-C. Avec le
règne d’Auguste débute pour l’Empire une période de stabilité connue sous le
nom de Pax Romana. Rome ne sera plus mise en péril par de grandes guerres
d’invasion. Au contraire, elle annexera l’Égypte, la Dalmatie, la Pannonie, le
Norique, la Rhétie, des régions immenses en Afrique, en Germanie et en
Hispanie.
Les Julio-Claudiens furent la première dynastie à régner sur l'Empire romain. Après
la mort de Jules César,
dictateur à vie, en 44 avant J.-C., son fils adoptif Octave - qui serait plus
tard connu sous le nom d'Auguste (r.
de 27 avant J.-C. à 14 de notre ère) - mena une guerre civile
contre les ennemis de son père pour finalement l'emporter et devenir le
premier empereur
romain. Son fils adoptif Tibère (r.
de 14 à 37 de notre ère), son arrière-petit-fils Caligula (r.
de 37 à 41 de notre ère), son arrière-neveu Claude (r.
de 41 à 54 de notre ère) et enfin son arrière-arrière-petit-fils Néron (r.
de 54 à 68 de notre ère) lui succèderaient.
Les Romains étaient obsédés par le concept de lignée
familiale : la famille était la chose la plus importante dans la vie d'une
personne. Ceci était particulièrement visible chez les Julio-Claudiens. Alors
que les Claudiens étaient considérés comme l'une des plus anciennes familles
romaines, les Juliens pouvaient faire remonter leur famille d'Auguste à Jules
César et jusqu'au mythique Énée,
l'ancêtre de Rémus et
Romulus, et à sa mère, la déesse de l'amour Vénus.
Les deux familles se rejoignirent d'abord lorsqu'Auguste épousa sa troisième
femme Livia Drusilla, mais surtout lorsque Germanicus (un
Claudien) épousa Agrippine l'Aînée (une Julienne).
A.
AUGUSTE
Auguste comprit que pour
reconstruire la ville de Rome, il devait rétablir la foi et les valeurs de
la république
romaine.
En devenant le
premier citoyen de Rome, Auguste initia des lois et des réformes pour une ville
en plein bouleversement. Le Sénat romain lui
accorda des pouvoirs presque illimités. Parmi ceux-ci figuraient les pouvoirs
tribunitiens : la capacité de convoquer le Sénat, de proposer des lois dans les
assemblées et d'opposer son veto à toute loi adoptée par ces mêmes assemblées.
Auguste devint la loi. Souvent considéré comme un microgestionnaire, nombre de
ses réformes permirent de rendre la bureaucratie plus efficace. Il voyait une
ville rongée par la décadence morale et pensait que la restauration de
l'ancienne religion
romaine et une confiance renouvelée dans les dieux
traditionnels aideraient à restaurer la confiance du peuple. Auguste comprit
que pour reconstruire la ville de Rome, il devait rétablir à la fois la foi et
les valeurs de la République romaine.
Il fit revenir un grand nombre d'anciennes fêtes populaires et augmenta le
nombre de jeux publics, rétablissant même les Jeux séculaires. Il fit
construire des théâtres, des aqueducs et 82 temples, dont le temple de Mars Ultor
et le temple d'Apollon.
Il encouragea également l'amour de l'écriture et la littérature romaine
s'épanouit ; c'était l'époque de Tite-Live, d'Horace,
d'Ovide et
de Virgile.
Surtout, il établit la Pax Romana ou
paix romaine, une période de stabilité relative dans l'empire.
Auguste cherche à restaurer la religion et la
famille, à réformer la société et l’armée, mais les résultats de ces efforts
sont médiocres. Sa politique extérieure est défensive, il vise à donner à
l’empire de bonnes frontières. Son essai d’extension jusqu’à l’Elbe est anéanti
par les Germains (massacre des légions de Varus)
Ses successeurs sont :
B. Tibère (14-37) :
Son héritier fut Tibère, le peu disposé fils de sa troisième épouse Livie.
La plupart des historiens s'accordent à dire que Tibère n'avait jamais souhaité
être empereur. Il fut contraint de divorcer de sa femme bien-aimée et enceinte,
Vipsania, et d'épouser la fille d'Auguste, Julia. Cette décision lui assura une
place d'héritier. Il avait été un excellent général mais évitait une grande
partie du cérémonial qui allait de pair avec le rôle d'empereur, s'appuyant
ainsi sur l'autorité du Sénat.
Il entreprit mais ne termina pas de nombreux projets de travaux publics,
qui seraient achevés par Caligula. Au cours des dernières années de son règne,
Tibère devint plus paranoïaque et infligea un nombre toujours plus grand de
procès pour trahison. Les rigueurs de la gestion d'un empire et le harcèlement
constant d'une mère qui ne cessait de tout contrôler furent trop lourds pour
lui. Il s'installa donc sur l'île de Capri en 26 de notre ère, laissant la
routine quotidienne de la gestion de l'empire à son conseiller et préfet de
la garde
prétorienne, Séjan.
Séjan finit par outrepasser son rôle (se croyant le véritable empereur) et
Tibère le fit exécuter. Au fil du temps, Tibère devint plus solitaire et resta
à Capri où il mourut en 37 de notre ère.
À sa mort, le trône revint à son neveu Caligula. Beaucoup à Rome étaient heureux de voir le jeune Caligula monter sur le trône et ainsi remplacer le très impopulaire Tibère.
C.
Caligula (37-41) :
Caligula "Petites bottes" ou Gaius est une énigme. Bien que de
nombreux historiens modernes reconnaissent le bien qu'il a fait, la plupart des
historiens de l'Antiquité critiquent son passage au pouvoir. Si la première
année de son règne fut prometteur, avec l'achèvement de nombreux projets de
construction commencés sous son oncle et l'augmentation du nombre de jeux et de
festivals, il devint aussi paranoïaque que Tibère et fut à l'origine d'un
certain nombre de purges et de procès pour trahison. Cette peur s'étendit à sa
propre famille lors qu'il exila sa propre sœur Agrippine la Jeune. Ceux qui
critiquent Caligula citent son style de vie dégradé, sa tentative de nommer son
cheval préféré Incitatus consul,
et son effort raté d'invasion de la Grande-Bretagne. Cependant, à son crédit,
il accorda des primes attendues depuis longtemps à la garde prétorienne,
construisit un phare à Boulogne, commença à travailler sur de nouveaux aqueducs
et construisit même un nouvel amphithéâtre à Pompéi.
Enfin, après seulement quatre ans en tant qu'empereur, en janvier 41 de notre
ère, Caligula fut assassiné par des membres de la garde prétorienne. Sa femme,
Césonie, et sa fille furent également assassinées et, comble du comble, l'homme
qu'il avait ridiculisé pendant des années, Claude, fut nommé son successeur.
D. Claude (41-54) :
Claude, considéré par beaucoup comme un imbécile (y compris par sa propre
famille), fut en fait le meilleur des successeurs d'Auguste. Tout d'abord, il
se vengea des assassins de
Caligula. Et avec peu voire aucune expérience politique ou militaire, il
réussit à envahir la Grande-Bretagne et à annexer la Thrace, la Lycie,
la Maurétanie et
le Norique. Ce faisant, il ramena une paix relative à Rome en rétablissant
l'état de droit. Il construisit un nouveau port à Ostie,
établit une fonction publique impériale et mit en place une réforme agraire.
Cependant, il pouvait être aussi impitoyable que ceux qui avaient régné
avant lui. Comme ses prédécesseurs, il était paranoïaque, prompt à la colère,
et n'hésitait pas à mettre à mort les ennemis présumés. Claude fit exécuter ou
suicider au moins 35 sénateurs et plus de 400 autres personnes. Il fit même
expulser tous les Juifs de la ville. Il n'eut pas non plus de chance en matière
de mariage. Alors que son mariage avec l'infidèle Messaline lui
donna un fils, Britannicus,
son mariage avec Agrippine, la sœur de Caligula - possible suspecte dans sa
mort - lui donna un héritier, Néron.
E.
Néron (54-68) :
Si beaucoup se souviennent de lui celui qui jouait du violon pendant que
Rome brûlait, il était, à sa décharge, hors de la ville à ce moment-là. À son
retour, il aida de nombreuses personnes à échapper à l'incendie en leur
fournissant logement et nourriture. Bien qu'il ait reconstruit une ville plus
sûre, il en profita également pour se faire construire un Palais doré. La
première partie du règne de Néron était considérée par beaucoup comme bonne -
beaucoup de Romains le croyaient généreux et bon. Pour avoir le temps de
s'adonner à d'autres intérêts, il rétablit une grande partie du pouvoir du
Sénat. Il y eut des jeux extravagants, des pièces de théâtre, des concerts, des
courses de chars, des tournois de gladiateurs, et les impôts furent réduits.
Après Néron, Rome connut un an d’anarchie :
Galba, Othon, Vitellius se succéderont, proclamés empereur chacun par ses
légions.
II.
La dynastie des Flaviens (69-96) : Restauration et Transition
La dynastie flavienne, fondée par Vespasien (69-79 apr. J.-C.), marqua
une période de stabilisation après le chaos de l'Année des Quatre Empereurs.
Pendant 27 ans, Vespasien et ses fils Titus (79-81 apr. J.-C.) et Domitien
(81-96 apr. J.-C.) gouvernèrent l’Empire romain, offrant une alternance de
réformes, de réalisations spectaculaires et de gouvernance controversée.
A. Vespasien : L'Architecte de la
Stabilité
Titus Flavius Vespasianus, connu sous le nom de Vespasien, régna sur
l'Empire romain de 69 à 79 apr. J.-C. Issu d’une origine modeste, il devint un
général respecté et un empereur pragmatique. Son règne marque une période de
reconstruction et de réforme après les tumultes de l'Année des Quatre
Empereurs. Vespasien est souvent considéré comme l’homme qui a restauré la
stabilité de Rome tout en posant les bases d’une nouvelle dynastie, celle des
Flaviens.
Origines et Ascension
Une Origine Modeste mais Ambitieuse
Né en 9 apr.
J.-C. à Reate, dans la campagne sabine, Vespasien était issu d'une famille
plébéienne. Son père, éleveur de mulets et prêteur sur gages, et sa mère, d’ascendance
aristocratique, lui fournirent une éducation suffisante pour intégrer les
cercles militaires et administratifs. Grâce à sa ténacité et son intelligence,
Vespasien gravit rapidement les échelons.
Une Carrière Militaire Prolifique
Vespasien
acquit une précieuse expérience dans plusieurs campagnes militaires :
- En Bretagne, il participa à la
conquête romaine, gagnant la réputation d’un stratège compétent.
- En Afrique, il servit comme
gouverneur, apprenant à gérer des finances publiques et à administrer des
territoires.
- En Judée, il fut choisi par Néron
pour réprimer la révolte juive. Cette mission délicate démontra son
habileté militaire et sa capacité à maintenir la discipline parmi ses
troupes.
Le Conquérant de l’Empire
En 69 apr.
J.-C., alors que Rome sombrait dans le chaos après la mort de Néron, Vespasien
fut proclamé empereur par ses troupes en Égypte et en Judée. Sa stratégie fut
exemplaire : au lieu de marcher directement sur Rome, il s’assura le contrôle
d’Alexandrie, coupant l’approvisionnement en grains de la capitale. Cette
manœuvre força Rome à se soumettre, consolidant son pouvoir.
Le Règne de Vespasien : Réformes et Stabilité
Restauration des Finances Publiques
Vespasien hérita d’un Trésor exsangue après les prodigalités des Julio-Claudiens
et les dépenses militaires de l’Année des Quatre Empereurs. Il adopta des
mesures strictes pour restaurer l’économie :
- Augmentation des
impôts : Il institua de nouvelles taxes,
notamment sur les urinoirs publics, d’où la célèbre phrase "L'argent
n'a pas d'odeur" (Pecunia non olet).
- Réduction des
dépenses : Vespasien limita les extravagances de
la cour impériale et des jeux publics, mettant fin à une tradition de
dépenses somptuaires.
- Confiscation des
biens des opposants :
Il n’hésita pas à s’approprier les propriétés de ceux qui avaient soutenu
ses rivaux.
Réformes Administratives
Vespasien
réorganisa les structures administratives de l’Empire pour accroître son
efficacité :
- Il intégra une nouvelle élite italienne et
provinciale au Sénat, rompant avec l’oligarchie des grandes familles
romaines.
- Il renforça l’administration des provinces,
octroyant des chartes municipales aux villes d’Espagne et d’autres
régions.
- Il centralisa la gestion des finances
provinciales pour réduire la corruption.
Infrastructures et Réalisations Architecturales
Vespasien
investit dans des projets d’infrastructure visant à restaurer la grandeur de
Rome et à améliorer la vie de ses citoyens :
- Le Colisée : Sur le site de la Domus Aurea de Néron, il lança la
construction de l’amphithéâtre flavien, symbole de la puissance romaine et
de sa générosité envers le peuple.
- Extension du pomerium : En
agrandissant les limites sacrées de Rome, il répondit à la surpopulation
croissante tout en affirmant la domination impériale.
- Aqueducs et routes : Il développa les systèmes d'approvisionnement en eau et
améliora les voies de communication pour renforcer le commerce et la
défense.
Relations avec le Sénat et
l’Armée
Un Empereur Pragmatique mais Ferme
Vespasien
chercha à établir une relation fonctionnelle avec le Sénat, mais il n’hésita
pas à affirmer son autorité. Il remplissait les sièges vacants du Sénat avec
des hommes loyaux et compétents, souvent issus des provinces, ce qui renforça
la coopération entre le centre et la périphérie de l’Empire.
La Fidélité de l’Armée
Vespasien
maintint la loyauté des légions en :
- Augmentant leurs soldes.
- Garantissant des terres et des récompenses aux
vétérans.
- Instaurant une discipline stricte mais juste,
consolidant ainsi son contrôle militaire.
Héritage et Fin de Règne
Un Héritage Durable
Vespasien
laissa un empire renforcé :
- Son règne permit une transition pacifique du
pouvoir, préparant ses fils Titus et Domitien à lui succéder.
- Il établit une administration financière et
provinciale solide, qui servirait de modèle pour les empereurs suivants.
- Ses projets architecturaux, notamment le
Colisée, demeurent des symboles emblématiques de l’Empire romain.
Une Mort Paisible
Contrairement
à la plupart de ses prédécesseurs, Vespasien mourut dans son lit en 79 apr.
J.-C. Selon Suétone, ses dernières paroles, ironiques, furent : "Pauvre de moi, voilà que je me transforme en dieu." Il laissa derrière lui un empire stabilisé et un modèle de
gouvernance pragmatique.
B. Titus : Le Prince Bienveillant
Titus Flavius Vespasianus, fils aîné de Vespasien, régna sur l'Empire
romain de 79 à 81 apr. J.-C. Bien que son règne ait été court, il fut marqué
par des moments de grande adversité et de profonde générosité. Titus incarne la
figure d’un empereur qui, après une jeunesse tumultueuse, devint un modèle de
vertu impériale.
Origines et Formation
Un Héritier Préparé
Né en 39 apr.
J.-C., Titus fut élevé dans un environnement propice à la grandeur :
- Son père, Vespasien, militaire expérimenté et
homme d’État, l’impliqua tôt dans les affaires impériales.
- Il reçut une éducation soignée, excédant celle
généralement offerte aux membres de la plèbe. Il maîtrisait le grec et le
latin, et développa un goût pour la culture et les arts.
Une Carrière Militaire et Politique
Titus montra
ses compétences sur le terrain en servant comme officier militaire en Germanie
et en Bretagne. Cependant, c’est en Judée, lors de la révolte juive, qu’il fit
ses preuves :
- En tant que commandant des forces romaines, il
mena le siège de Jérusalem en 70 apr. J.-C., remportant une victoire
décisive. Cette campagne lui valut un triomphe spectaculaire à Rome.
Son succès militaire cimenta sa réputation et fit de lui l’héritier
naturel de Vespasien.
L’Empereur Bienveillant : Un
Règne Court mais Loué
Titus accéda
au trône à 40 ans, après la mort de Vespasien en 79 apr. J.-C. Malgré des
débuts marqués par la méfiance en raison de sa jeunesse extravagante, il
surprit ses contemporains par son sens du devoir et sa bienveillance.
Des Politiques de Réconciliation
Titus se
montra un administrateur capable, cherchant à apaiser les tensions internes :
- Réduction des
persécutions politiques :
Contrairement à Domitien, il fit preuve de clémence envers ses opposants
et évita les purges.
- Générosité : Titus était connu pour sa phrase célèbre, "Amici,
diem perdidi" ("Amis, j’ai perdu une
journée"), soulignant son désir de ne jamais manquer une occasion de
faire le bien.
La Réponse aux Catastrophes
Le règne de
Titus fut marqué par deux calamités majeures :
1. L’éruption du Vésuve (79 apr. J.-C.)
o L’éruption détruisit les villes de Pompéi, Herculanum et Stabies.
o Titus visita les zones sinistrées et mobilisa d'importants secours
financiers pour aider les survivants. Il fut largement applaudi pour sa
compassion et son action rapide.
2. L’incendie de Rome (80 apr. J.-C.)
o Un incendie ravagea une partie de la ville, détruisant notamment le
Capitole, le Panthéon et les thermes d’Agrippa.
o Titus supervisa personnellement les efforts de reconstruction et
distribua des aides aux victimes.
L’Héritage Architectural
Titus
poursuivit les projets de son père et laissa sa propre marque architecturale :
- L’amphithéâtre
flavien (Colisée) : Bien que
commencé par Vespasien, il fut achevé et inauguré sous Titus avec des jeux
somptueux durant 100 jours, comprenant des combats de gladiateurs et des
spectacles aquatiques.
- L’Arc de Titus : Érigé après sa mort, cet arc dans le Forum célèbre ses
victoires en Judée.
Vie Privée et Relations
Une Jeunesse Extravagante
Titus était
réputé pour avoir mené une vie de plaisirs durant sa jeunesse :
- Sa liaison avec Bérénice, une reine juive,
suscita des critiques. Bien qu’il mit fin à cette relation pour des
raisons politiques, elle fit naître des soupçons sur son attachement aux
intérêts romains.
Un Empereur Aimé
Malgré son
passé tumultueux, Titus gagna rapidement le respect et l’amour du peuple grâce
à son sens de la justice et à sa générosité. Son court règne fut perçu comme un
âge d’or, et il fut souvent comparé à des figures bienveillantes comme Nerva ou
Marc Aurèle.
La Fin Prématurée
Titus mourut
en 81 apr. J.-C., après seulement deux ans et trois mois de règne. Les causes
de sa mort restent floues :
- Selon Suétone, il succomba à une fièvre,
probablement due à la malaria ou à un empoisonnement.
- Certains historiens antiques ont suggéré que
son frère Domitien, impatient de régner, pourrait avoir orchestré sa
disparition.
L’Héritage de Titus
Un Modèle d’Empereur
Titus est
souvent considéré comme l’un des empereurs les plus admirés de Rome :
- Il alliait les qualités militaires d’un
conquérant aux vertus d’un administrateur compatissant.
- Sa générosité et son engagement dans les
crises firent de lui une figure emblématique de la bienveillance
impériale.
Un Empereur Transitoire
Bien que son
règne ait été court, Titus laissa un empire stable, prêt à être gouverné par
son frère Domitien, même si ce dernier allait ternir la réputation de la
dynastie flavienne par ses excès.
Titus, malgré
son court règne, symbolise la transition d’un empire marqué par les guerres
civiles et les excès des Julio-Claudiens à une ère de reconstruction et de
générosité. En l’espace de deux ans, il parvint à laisser une empreinte
durable, incarnée par le Colisée, son triomphe en Judée, et son sens de la
justice. Il reste dans l’histoire comme un exemple rare d’empereur aimé à la
fois par le peuple et par le Sénat.
|
C. Domitien : L’Empereur Tyrannique
Titus Flavius Domitianus, connu sous le nom de Domitien, régna sur
l'Empire romain de 81 à 96 apr. J.-C. Frère cadet de Titus et dernier membre de
la dynastie flavienne, il est souvent décrit comme un empereur tyrannique et
paranoïaque. Cependant, son règne, bien que marqué par des excès, fut également
une période de renforcement des frontières et de réforme administrative.
Origines et Accession au Pouvoir
Un Héritier Mal Préparé
Domitien naquit en 51 apr. J.-C. et fut souvent éclipsé par son frère
aîné Titus, qui jouissait du soutien de leur père Vespasien. Contrairement à
Titus, Domitien ne reçut pas de formation militaire significative ni
d’importantes responsabilités administratives. Cette mise à l’écart renforça
son sentiment d’infériorité, qui allait marquer son règne.
Une Accession Imprévue
En 81 apr.
J.-C., à la mort soudaine de Titus, Domitien devint empereur avec le soutien de
la Garde prétorienne. Bien que certains aient suspecté son implication dans la
mort de son frère, aucune preuve ne le confirme. Son règne débuta sous de bons
auspices, et il se montra initialement ambitieux et réformateur.
Les Réformes et Réalisations
Administration et Économie
Domitien
réorganisa les finances publiques et l'administration :
- Fiscalité stricte : Il augmenta les impôts pour financer ses projets militaires
et architecturaux.
- Dévaluation
contrôlée : Bien qu'il réduisit la teneur en
argent de la monnaie, cette mesure stabilisa l'économie à court terme.
- Centralisation : Domitien renforça l’autorité impériale, marginalisant le
rôle du Sénat dans la prise de décision.
Projets Architecturaux
Son règne fut
marqué par d’ambitieux travaux de construction :
- Le Palais du Palatin : Il fit édifier une somptueuse résidence impériale, symbole
de son pouvoir.
- Restauration urbaine : Il répara le Capitole, reconstruit après l'incendie sous
Titus, et acheva des projets initiés par ses prédécesseurs.
- Temples : Il consacra plusieurs temples à Jupiter, Minerve, et
d’autres dieux romains, renforçant l’image divine de son règne.
Politique militaire
Domitien passa
une grande partie de son règne à sécuriser les frontières de l’Empire :
- En Germanie : Il mena des campagnes militaires pour contrer les
incursions des tribus germaniques, établissant des fortifications sur le
Rhin et le Danube.
- En Dacie : Bien que ses forces subirent des revers face aux Daces, ces
conflits préfigurèrent les conquêtes ultérieures de Trajan.
- Renforcement des
frontières : Il construisit des routes et des forts
le long des frontières septentrionales, consolidant la défense de
l’Empire.
Le Déclin et la Tyrannie
Une Paranoïa Croissante
Domitien
devint de plus en plus méfiant envers ses proches et les sénateurs, renforçant
son isolement :
- Persécutions : Il intensifia les purges politiques, exécutant de nombreux
sénateurs et chevaliers romains qu’il soupçonnait de conspiration.
- Autoritarisme : Il s’autoproclama Dominus et Deus ("Maître
et Dieu"), exigeant une vénération quasi divine.
Les Persécutions des Chrétiens et des Juifs
Domitien
persécuta les chrétiens et les juifs, qu'il considérait comme des menaces à
l'ordre public. Cette politique contribua à son impopularité, bien que les
persécutions fussent limitées par rapport à celles de Néron.
Conflits avec le Sénat
Domitien
entretenait une relation conflictuelle avec le Sénat, qu’il considérait comme
un corps archaïque et déloyal. Il réduisit considérablement son influence,
gouvernant de manière autocratique.
L’Assassinat et la Fin de la
Dynastie Flavienne
Le Complot de 96 apr. J.-C.
Domitien fut
assassiné le 18 septembre 96 apr. J.-C., dans un complot impliquant des membres
de sa cour et probablement sa propre épouse, Domitia Longina. Son règne avait
créé une telle atmosphère de peur que même ses proches conspirèrent contre lui.
Conséquences
Avec la mort
de Domitien, la dynastie flavienne s’éteignit. Le Sénat nomma immédiatement
Marcus Cocceius Nerva, un sénateur âgé, comme successeur, marquant la
transition vers la dynastie des Antonins.
Héritage
Un Règne Contesté
Domitien est
souvent jugé sévèrement par les historiens antiques, notamment Tacite et
Suétone, qui le dépeignent comme un tyran paranoïaque. Cependant, des études
modernes soulignent ses contributions significatives :
- Stabilité des frontières : Ses campagnes militaires renforcèrent la sécurité de
l’Empire.
- Réformes économiques : Il laissa une administration et des finances publiques en
bon ordre.
- Projets architecturaux : Son règne enrichit considérablement le patrimoine urbain de
Rome.
Une Figure Ambivalente
Bien que
Domitien fut un administrateur efficace et un bâtisseur remarquable, son
penchant pour l'autoritarisme et la répression marqua son règne d'une
réputation de despotisme.
Domitien,
dernier des Flaviens, incarne une figure complexe dans l’histoire de Rome. Sa
capacité à gouverner et à réformer fut éclipsée par son isolement, sa paranoïa
et son mépris pour le Sénat. Si son règne reste controversé, il marqua une
période de transition pour l’Empire, préparant le terrain pour la prospérité de
la dynastie antonine.
Héritage des Flaviens
1.
Stabilité
retrouvée : Vespasien restaura l'ordre après une
période de guerre civile.
2.
Réalisations
architecturales : Le Colisée et d’autres infrastructures
symbolisent encore aujourd’hui l’impact durable des Flaviens.
3.
Consolidation
provinciale : Les réformes administratives intégrèrent
davantage les provinces à l’Empire.
4.
Un contraste
familial : Titus incarna la vertu impériale, tandis
que Domitien devint un exemple de tyrannie.
Conclusion
La dynastie flavienne représente un tournant dans l’histoire romaine,
marquée par une alternance de pragmatisme, de compassion et d’autoritarisme.
Vespasien resta l’architecte de cette période, offrant un modèle de leadership
équilibré qui permit à Rome de traverser une transition difficile après les
excès des Julio-Claudiens.
III.
Le siècle des Antonins (96-192)
Trajan Hadrien
Qui sont les Antonins ?
Trajan,
Hadrien, Antonin le Pieux, Marc Aurèle, Lucius Verus et Commode furent tour à
tour empereur de cette dynastie, de 98 à 192. Ces hommes puissants élevés
au rang de « premier des citoyens », concentrèrent tous les pouvoirs.
A. Trajan
Empereur de
98 à 117, il est surtout connu pour ses conquêtes militaires (en Dacie –
actuelle Roumanie – et en Orient). On lui doit aussi la construction de
plusieurs monuments importants : un nouveau port à Ostie (Italie), la
colonne qui porte son nom, un marché, des thermes et un forum à Rome…
B.
Hadrien
Empereur de
117 à 138, il gouverne en voyageant pour rester au contact de son peuple
et intervenir dans tous les domaines. Contrairement à Trajan, il n’est pas un
conquérant et renonce même à certains territoires. Par contre, il cherche à
assurer la stabilité des frontières. Passionné par la culture grecque, il
s’inspire de lieux et de monuments célèbres pour la construction de sa villa
principale à Tivoli (Italie).
C.
Antonin le Pieux
Empereur
de 138 à 161, il maintient la paix et l’Empire continue à s’enrichir. Sa
réputation d’homme respectueux des dieux comme de ses ancêtres lui vaut le
surnom de « Pieux ». En raison de ses qualités, on a donné son nom à
cette dynastie d’empereurs.
D. Marc Aurèle
Empereur de
161 à 180, son règne est mouvementé : guerres aux frontières
(notamment en Orient, contre les Parthes), épidémie de peste et révoltes dans certaines
régions de l’Empire. Dans les dernières années de sa vie il écrit ses Pensées
pour moi-même, célèbres réflexions qui s’inspirent de certains philosophes
grecs et mettent en valeur le devoir, la morale et des principes de vie
exigeants.
E. Lucius Verus
Co-empereur avec Marc Aurèle de
161 à 169, il est plus particulièrement chargé des relations avec l’armée
et lutte contre les Parthes, en Syrie, avant d’intervenir sur les bords du
Danube où plusieurs peuples cherchent à pénétrer dans l’Empire.
F. Commode
Empereur
de 161 à 192, il se désintéresse du gouvernement ce qui provoque de
nombreux complots et tentatives d’assassinat. Il multiplie les
bizarreries : il se fait appeler Hercule et s’habille comme lui dans les
cérémonies publiques, il participe à des combats de gladiateurs. Après le
terrible incendie qui endommage fortement Rome, il décide certaines
reconstructions et se présente comme le nouveau fondateur de la ville.
La
caractéristique dynastique principale de la lignée des Antonins est un accès au
pouvoir déterminé par l’adoption.
Ce principe permet de ne pas attribuer
par défaut la succession à un descendant direct, mais de choisir véritablement
le prince héritier de l’Empire. L’héritier sera choisi sur les qualités
observées et évaluées dans la première jeunesse et en mettant en place des
alliances stratégiques.
Ce principe fut instauré par Trajan, qui
vit en Hadrien tous les signes du meilleur successeur possible. C’est bien
l’empereur régnant, de son vivant, qui effectue le choix de son successeur,
mais avec la conscience que la lignée doit perpétuer des valeurs et léguer un
pouvoir. Ce principe correspond aussi à une réalité : ni Nerva, ni Trajan,
ni Hadrien ni Antonin le Pieux n’eurent de fils naturel.
Ainsi, Antonin le Pieux accéda au
pouvoir par son adoption par Hadrien et à la condition qu’il adopte en retour
Marc Aurèle.
4.
Le Bas-Empire (192-376)
Le régime ; qui a vu accéder peu à peu au
pouvoir suprême des affranchis et des hommes d’origine barbare, connaît de
longs moments d’anarchie : des empereurs tentent un partage du pouvoir
pour éviter l’éclatement, mais alors que l’Empire d’Orient résiste, l’Empire
d’Occident finit par tomber, victime de sa décadence et des coups répétés des
Barbares.
a)
Crise du troisième siècle (192-284)
-
La dynastie des Sévères (192-235)
Elle se caractérise d’abord par l’absolutisme militaire ( 192-235). Les
empereurs successifs sont Septime-Sévère,
Caracalla, Elagabla et Alexandre-Sévère .
En 212 Caracalla
promulgua un édit accordant le droit de cité à tout homme libre habitant
l’empire. Elle dégénéra ensuite en anarchie militaire ( 235-268). C’est
l’époque des premières invensions germaniques dans l’empire, de la guerre des
Parthes. Le christianisme progresse ; Dèce
le persécute.
-
La dynastie des Illyriens
Aurélien (270-275) redresse la situation et ramène la paix
Dioclétien (284-305) donne à l’empire les caractéristiques d’une
monarchie orientale absolue. Il associe 4 personnes à la direction de l’empire,
mais cette tétrarchie échoue ; elle se constituait de Dioclétien, Maximin,
Galère et Constance Chlore. Dioclétien persécute systématique les chrétiens
b)
Dislocation de l’Empire (305-476)
-
Constantin (305-361) prend le pouvoir à la suite d’une
guerre civile ; il centralise très fort le pouvoir. Il bâtit
Constantinople, qui devient la capitale de l’empire en 330. En 313, il
promulgue l’édit de Milan qui
accorde la liberté de culte aux
chrétiens. A l’extérieur, il poursuit la lutte contre les Barbares.
-
Julien
l’Apostat (361-383) essaya, mais en vain, de rénover le paganisme et fit entrer
des Barbares dans l’armée après avoir lutté contre eux.
-
Théodose (386-395)
est le dernier à régner sur tout l’empire, il le partage entre ses fils,
Arcadius et Honorius en 395. Il fait du christianisme la religion d’Etat.
Au 5e siècle, de plus en plus, les
Barbares pénètrent dans l’Empire. En 476, Odoacre, chef barbare, détrône le
dernier empereur, Romulus Augustule et met ainsi fin à l’Empire Romain
d’Occident.
CHAPITRE II : LE CITOYEN
A.
Evolution
des cadres de la société romaine
1.
A l’époque
royale, une partie seulement de la population romaine possède la qualité de
citoyen. Ce sont les patriciens, descendants de 100 premières familles
installées à Rome. Les membres de chaque famille forment une
« gens », portent le même « nomen gentilicum », célèbrent
le même culte ; ils sont les propriétaires du sol, élèvent de grands
troupeaux.
Le reste de la population, sans droits, est
composé des plébéiens, des clients, des affranchis et des esclaves.
-
Les
plébéiens sont des Latins refugiés qui cultivent la terre ;
-
Les clients
sont généralement des étrangers, oisifs, juridiquement liés à des patriciens
qui les protègent et les représentent en justice.
-
Les
affranchis sont des esclaves libérés qui restent dépendants de leur ancien
maître.
-
Les
esclaves, qui ont perdu leur liberté par suite de guerre, de châtiment
judiciaire, ou qui sont nés de parents esclaves, sont considérés comme des
objets.
2.
La République : Du 5e au 3e siècle, les plébéiens acquièrent
peu à peu l’égalité sociale, civile, politique et religieuse. On distingue
désormais les citoyens : tout homme libre né d’un père citoyen, patricien
ou plébéien ; et le non-citoyens, à savoir les esclaves. Notons que les
affranchis sont des citoyens sans droits : leurs enfants, nés libres d’un
père citoyen, deviennent automatiquement citoyens à part entière.
Dès que la plèbe obtient l’égalité avec le
patriciat, les riches plébéiens s’entendent avec les patriciens, et la société
se divise alors selon la richesse, les riches profitant en réalité seuls des
droits appartenant à tous les citoyens.
Les grandes conquêtes de 3e et 2e
siècle accentuent encore cette distinction :
-
La classe
moyenne des petits agriculteurs et des artisans disparaît pratiquement, ruinée
au profit des riches propriétaires ou des grands financiers, à cause de la
concurrence des produits et de la main-d’œuvre esclave venus des pays conquis.
Cette classe appauvrie forme désormais la clientèle. Il est important de retenir que les clients ne sont plus comme
à l’époque royale, des étrangers ayant besoin d’un répondant juridique, mais
des citoyens romains qui se mettent sous la protection d’un riche, qui leur
procure le nécessaire pour se nourrir et se vêtir.
-
La classe
des chevaliers, née de la classe des plus riches, tenus de faire leur service
militaire dans la cavalerie, s’occupe du grand commerce et des finances ;
peu d’entre eux s’occupent de politique, ceux
qui le font s’appellent « homines novi » comme Cicéron par
exemple.
-
La noblesse
sénatoriale est composée des familles de ceux dont un ancêtre a exercé une
magistrature curule (édilité, préture, consulat) et ont été membres du Sénat.
Cette classe désire conserver le monopole des magistratures, c’est pourquoi il
est difficile aux chevaliers de participer à la vie politique.
3.
Sous l’Empire : les citoyens se répartissent, selon la richesse toujours, en
honestiores ( riches) et humiliores ( pauvres)
Pour mettre fin aux rivalités entre sénateurs et
chevaliers, Auguste instaure un système d’ordres :
-
L’ordo
senatorius est composé des citoyens possédant 1 million de sesterces : ce
sont ceux qui exercent les anciennes magistratures et font partie du Sénat.
-
L’ordo
equester regroupe les citoyens possédant plus de 400.000 sesterces. Ils
constituent la noblesse officielle et occupent les charges nouvelles instituées
par Auguste.
Ces deux ordres forment la classe des honestiores.
La clientèle a encore évolué : tout le monde,
même les riches, se met sous la protection d’un plus puissant que lui :
chacun est donc le client de quelqu’un, sauf l’empereur.
4.
Bas-Empire : une nouvelle catégorie s’ajoute aux classes existantes :
les colons, hommes libres mais attachés à une terre. Quant aux affranchis, qui
restent une classe à part, ils sont désormais souvent très riches et occupent
des postes importants dans l’administration de l’Empire.
B.
Le
droit de cité
1)
Le droit de
cité ( civitas) est le droit de celui qui fait partie de la « civitas
romana ». Il comporte des droits ( iura) et des devoirs ( munera)
Les droits politiques règlent les relations du
citoyen par rapport à l’Etat ; ce sont :
Ø Le droit de vote : ius suffragii
Ø Le droit d’être élu : ius honorum
Ø Le droit de participer aux sacerdoces : ius
sacrorum
Ø Le droit de faire appel au peuple dans les procès
criminels : ius provoctionis
Les droits civils protègent l’individu et règlent
ses relations avec les autres citoyens :
Ø Le droit de propriété : ius commercii
Ø Le droit de mariage : ius connubii
Ø Le droit d’intenter une action judiciaire :
ius legis actionis
Les charges du citoyen
sont :
Ø L’obligation de se présenter au recensement :
ius census
Ø L’obligation de servir dans l’armée : ius
militiae
Ø L’obligation de payer le tribut : tributum
Notons cependant que la militia ne sera
pratiquement plus exercée après la réforme de l’armée par Marius, et que le tributum
sera supprimé après 67 a.C
2)
Il existe
différents degrés de citoyenneté :
-
La citoyenneté complète : civitas optimo iure
On obtient ce droit soit par naissance, soit par
naturalisation ( civitatis donatio), soit par affranchissement ( manumissio)
N.B on peut perdre cette citoyenneté complètement
( capitis deminutio maxima) ou en partie ( capitis deminutio media)
v On la perd complément dans le cas où on s’est
soustrait au census, à la militia : c’est la perte du caractère de citoyen
et de la liberté ;
v On la perd en partie (temporairement) de manière
volontaire, en quittant Rome ou de
manière forcée, dans le cas d’envoi en exil.
-
La citoyenneté incomplète : civitas imminuto iure
Il existe plusieurs catégories de citoyens qui ne
jouissent pas de tous les droits. Ce sont :
· Les humiles ( les pauvres) dont le droit de vote
n’est pas réel
· Les aerarii qui n’ont pas de droit de vote ;
ceux qui ont encouru l’infamie, par leur profession ou par condamnation
· Les affranchis, qui n’ont ni le ius honorum, ni le
ius sacrorum, ni le ius connubii avec des personnes libres,
· Les citoyens des municipes dans droit de vote
3)
Evolution de l’extension du droit de cité
A l’origine :
tout homme libre, né d’un père citoyen
Après 89 a.C, les
alliés, à la suite de la guerre sociale et de la promulgation de la lex Plautia
Papiria, moyennant les conditions suivantes :
1.
Etre
domicilié en Italie à la date de la promulgation de la loi
2.
Avoir obtenu
le droit de cité d’une ville alliée
3.
Avoir fait
une déclaration devant le préteur dans les 60 jours suivant la promulgation
A partir de 48 a.C : tout homme libre habitant l’Italie
Au début de l’Empire : les cités provinciales
212 a.C : Edit de Caracalla : tout homme libre habitant l’Empire.
CHAPITRE III : ORGANES DE GOUVERNEMENT
La constitution de la
République romaine repose sur l’équilibre de 3 organes qui se contrôlent
mutuellement : les comices, le sénat, les magistrats. La direction
effective de l’Etat (pouvoir législatif) est aux mains du Sénat et des Comices,
le pouvoir exécutif est exercé par les 2 consuls, aidés par les magistrats,
tous élus pour 1 an.
1.
LE
POUVOIR LEGISLATIF
A.
LES COMICES
a) Les
comices curiates
Datant de la Royauté, ils sont composés du
populus, c’est-à-dire des seuls patriciens. Leur rôle est d’élire le Roi et de
lui transmettre « l’imperium » ( ses pouvoirs), d’accepter les lois,
de déclarer la guerre ou de conclure la paix, et de prendre part à l’exercice
du pouvoir judiciaire.
Sous la République, les Comices curiates ne sont déjà plus qu’une
simple survivance : ils transmettent l’imperium aux magistrats supérieurs
et valident simplement les lois votées par les autres assemblées.
Sous l’Empire, on les consulte théoriquement pour élire l’Empereur, à
qui ils transmettent l’imperium.
b) Les
comices centuriates
Selon la légende, cette assemblée est née de la
réforme administrative de l’avant-dernier roi. Servius Tullius. Elle existe en
tout cas au 5e siècle. Les comices centuriates sont formés des 5
classes ( division basée sur la richesse) divisées elles en 193 centuries.
Leur rôle est d’élire chaque année les magistrats
supérieurs, de voter certaines lois, de déclarer la guerre, de juger les procès
pour lesquels on fait appel. Notons que ces attributions sont reprises aux
comices curiates.
c) Les
Comices tributes
Sous la République : En 471, la plèbe obtint de se réunir en
conciles plébéiens ( concilia plebis) assemblés par tribus, formées selon le lieu
de domicile, ils avaient pour rôle d’adopter des plébiscites ( décisions de la
plèbe), d’élire les tribuns et édiles de la plèbe.
A partir de 449, ces
conciles deviennent les comices tributes et ont désormais le droit d’élire
chaque année les magistrats inférieurs ( questeurs, édiles), les tribuns
militaires et de voter la plupart des lois. Dès ce moment, les comices tributes
sont donc le véritable moyen d’expression de la volonté du peuple.
Sous l’Empire, leur évolution suit cette des Comices centuriates :
les deux assemblées perdent leur pouvoir au cours du premier siècle p.C
Remarques
·
Les comices
curiates se réunissent au Forum
·
Les comices
centuriates au Champ de Mars
·
Les Comices
tributes au Forum pour discuter et au Champ de Mars pour voter.
On parle aussi de « contio ». C’est une
assemblée de la population convoquée pour simple information.
B.
LE SENAT
Le Sénat partage avec les Comices le pouvoir
législatif, donc la direction effective de l’Etat. C’est à l’origine, un
conseil de 100, puis de 300 vieillards (senes) choisis par le Roi. Il est le
conseil du Roi, qu’il remplace à sa mort
en attendant l’élection du nouveau Roi. Il propose un candidat-roi au vote des
comices ; il garde les coutumes et exerce une tutelle (auctoritas) sur les
Comices.
Sous la République, recruté par les prêteurs, plus
tard par les Consuls puis par les censeurs parmi les anciens magistrats. Il
représente une autorité permanente, donc un grand pouvoir devant les magistrats
renouvelés chaque année. Il devient en fait la plus haute autorité de la Rome républicaine ( publicum consilium
populi Romani). Son rôle, à cette époque, est de surveiller la religion, gérer
les finances, diriger la politique extérieure, organiser l’armée, les
provinces, donner son avis au magistrat en toute matière, décider les mesures à
prendre en cas de danger pour l’Etat.
Sous l’Empire, c’est l’Empereur qui choisit les
sénateurs dans l’ordo senatorius. Sous le contrôle de l’Empereur, le Sénat fait
les lois (pouvoir perdu par les Comices), crée les magistrats. Mais peu à peu
le Consilium Principis remplacera le Sénat, qui ne sera plus que le conseil
municipal de Rome.
Remarques
Les sénateurs portent la
tunique à large bande de pourpre verticale (tunique laticlave) et dans les
cérémonies, la toge prétexte ( toga praetexta). Ils ne peuvent prendre ni la
ferme des impôts (charge de percevoir les impôts) ni cele des travaux publics (attribution
à des entreprises des travaux payés par l’Etat). A partir de la 2e
guerre punique, il leur est interdit de s’occuper d’industrie et de commerce, à
eux ainsi qu’à leurs fils. Jusqu’à la fin de la République, ils forment la
première classe de la société ; ils sont remplacés sous l’Empire par
l’ordo equester à ce rang social.
2.
LE
POUVOIR EXECUTIF : LES MAGISTRATURES
Les magistratures n’existent pas sous la
Royauté : elles ont été créées après la chute de celle-ci pour remplacer
et morceler le pouvoir royal. Nous étudions donc le fonctionnement de cette
institution à partir de la République.
1)
CARACTERES COMMUNS
·
Annalité :
à part les dictateurs et les censeurs, tous sont élus pour 1 an.
·
Gratuité :
les magistrats ne reçoivent pas de traitement, parfois des indemnités.
·
Collégialité :
tous les collègues d’une même magistrature ont un pouvoir égal, et le pouvoir d’intercession vis-à-vis de leurs
collègues et de leurs inférieurs, c’est-à-dire qu’ils peuvent s’opposer à leurs
décisions.
·
L’inviolabilité
est le privilège des tribuns de la plèbe et des édiles de la plèbe : on ne
peut pas porter la main sur eux.
En outre, l’itération n’est possible qu’après un
intervalle de 10 ans, et le cumul (exercer 2 charges en même temps) est
interdit.
A sa sortie de charge, un magistrat peut être
envoyé diriger une province, avec le titre de propréteur ou de proconsul ;
à partir de 52 a.C, il faudra un délai de 5 ans après la sortie de charge.
2)
POUVOIRS DES MAGISTRATS
Ces pouvoirs se regroupent sous deux
appellations : potestas, imperium. Tous les magistrats possèdent la
POTESTAS : c’est le pouvoir administratif. Avec la potestas, le magistrat
peut, selon sa charge :
·
Edicere :
faire des ordonnances
·
Habere contionem :
convoquer le peuple
·
Agere cum
populo, cum patribus : faire voter le peuple, le Sénat
·
Pignore
capere : recevoir des gages
·
Auspicia
capere ( ius auspiciorum minorum): prendre les auspices dans Rome, c’est-à-dire
dans l’espace consacré autour des murs de Rome ( promerium)
·
Renuntiare
comitis : empêcher la réunion de comices, en raison des mauvais présages.
LES MAGISTRATS SUPERIEURS ONT L’IMPERIUM en plus de la potestas,
c’est-à-dire :
·
Le ius
suspiciorum maiorum : droit de prendre les auspices hors de Rome
·
Le droit de
lever et de commander des armées
·
Le pouvoir
judiciaire à Rome et hors de Rome ( domi militiaeque)
·
Le droit de
coercition (arrêter les citoyens et les forcer à comparaître).
A cela s’ajoute l’imperium militiae, c’est-à-dire
le commandement militaire, propre aux préteurs, aux consuls et aux dictateurs. Il est symbolisé par la
présence de l’escorte des licteurs qui, armés de faisceaux (fasces),
accompagnent le magistrat en fonction.
3)
DETAIL DES MAGISTRATURES
a.
Cursus honorum, « carrière des honneurs », représente à suivre
obligatoirement pour s’élever dans la série des magistratures.
ü Les questeurs sont chargés des finances : ils
sont gardiens du Trésor, payeurs aux armées et trésoriers des provinces.
ü Les édiles, au nombre de 4 (2 de la plèbe, 2
curules) ont pour attribution l’administration municipale :
approvisionnement de Rome (cura annonae), surveillance du marché, police de la
ville, garde des archives, soin des rues, organisation des jeux publics.
ü Les préteurs : à l’origine 1, puis 2 et 8 (sous
Sylla), enfin 16 (sous César), sont les chefs de l’organisation judiciaire. Le
premier, praetor urbanus, est chargé de la justice entre citoyens. A cause du
nombre des étrangers, la fonction de praetor peregrinus fut créée en 241 a.C :
ce préteur devait intervenir dans tous les différends où paraissait un étranger
( peregrinus). Les 14 autres présidaient des tribunaux criminels permanets (
quaestiones perpetuae)
ü Les consuls, au nombre de 2, choisis parmi les
anciens préteurs. Ils sont les premiers magistrats de la République
romaine : ils convoquent et président le Sénat, les Comices curiates et
centuriates, et font exécuter leurs décisions ; ils lèvent et commandent
les armées ; ils donnent leur nom à l’année de leur mandat (éponymie). En
cas de crise, ils reçoivent les pleins pouvoir par Sénatus-consulte ( Senatus
consultum ultimum) : comme dans cette phrase que Cicéron avait prononcée à
la première catilinaire : « videant consules ne quid res publica
detrimenti capiat » ( les consuls veuillent à ce qu’aucun mal n’arrive à
la République.
b.
Magistratures extraordinaires
En cas de grave danger, un dictateur est désigné
par l’un des consuls, à la demande du Sénat, qui proclame l’état d’exception. Choisi
parmi les anciens consuls pour une durée de 6 mois, avec pleins pouvoirs. Il
est muni d’un imperium absolu. Les pouvoirs des autres magistrats sont alors
suspendus, sauf ceux des tribuns de la plèbe. Le dictateur désigne lui-même un
maître de la cavalerie (magister equitus) qui l’assiste. Notons qu’après 202
a.C le Sénat ne demande plus la désignation d’un dictateur, mais renforce
temporairement les pouvoirs des consuls.
c.
Les censeurs
Au nombre de 2, élus tous les 5 ans parmi les
anciens consuls, les censeurs demeurent en charge au maximum 18 mois, ils sont
munis seulement de la potestas. Leurs principales attributions sont :
ü Le recensement quinquennal ( census) des citoyens
et la classification d’après la fortune ;
ü Le recrutement du Sénat,
ü La police des mœurs avec droit de flétrissure (
nota censoria)
ü La police des mœurs avec droit de flétrissure (
nota censoria)
ü La ferme des impôts et des travaux publics.
Avant de démissionner, ils procèdent à la
cérémonie de purification quinquennale de la population ( lustrum)
d.
Les tribuns de la plèbe
Tous d’origine plébéienne, ils sont des chefs
reconnus de la plèbe plutôt que des magistrats proprement dits. Leur pouvoir (
potestas) est limité à Rome et à ses environs immédiats ( 1 mile autour). Ils
sont inviolables ( sacrosancti). Ils ont :
ü Le ius intercessionis auprès de tous les
magistrats, excepté le dictateur
ü Le ius auxilii, droit d’empêcher l’arrestation
d’un individu,
ü Le ius agendi cum plebe : convoquer et
présider la plèbe dans les assemblées du peuple et les Comices tributes.
ü Le droit d’infliger des amendes et d’arrêter des
citoyens.
3.
EVOLUTION
DES ORGANES DE GOUVERNEMENT AVEC L’EMPIRE
Le régime instauré par
Octave repose sur deux faits :
a)
La
concentration des dignités et des pouvoirs républicains entre les mains d’un
seul homme, le Prince ;
b)
La création
de nouveaux organes d’administrations relevant de lui seul. Il s’agit donc en
réalité d’une restauration du pouvoir monarchique mais qui essaie de conserver,
autant que possible l’apparence de la République.
1)
Les magistratures
Le nombre des magistrats augmente, mais leur
pouvoir diminue. On intègre au cursus
honorum le vignitivirat (différentes magistratures subalternes). Le tribunat de
la plèbe et le tribunat militaire.
2)
Les comices
Ils perdent leur pouvoir délibératif en premier
lieu, le pouvoir législatif ensuite, dans le courant du 1er siècle
p.C
3)
Le Sénat
Il remplace pratiquement les Comices puis perd
finalement son rôle.
4)
Les nouveaux organes d’administration
Les hauts fonctionnaires
- Préfets du Prétoire (Praefecti praetorio), chefs
de la garde prétorienne, sortes de vice-empereurs. Il n’y en avait qu’un au
début, l’empereur en nomma un second pour affaiblir ce pouvoir qui devenait
trop grand.
- Préfet de l’annone (Praefectus annonae) : il
a la responsabilité du ravitaillement de Rome
- Préfet de la ville (Praefectus urbi) : chefs
des cohortes urbaines, il dirige la police et l’administration de Rome
- Préfet des vigiles (Praefectus vigiliis) : il
commande la milice des sapeurs-pompiers.
Le préfet de la ville est choisi dans la classe
sénatoriale, les autres dans l’ordre équestre, ainsi que les préfets et
procurateurs des provinces impériales.
1) La
Chancellerie impériale
Elle se compose de bureaux ou ministères centralisant toute
l’administration romaine.
- Bureau a sportulis : correspondance avec les
provinces
- Bureau a rationibus : affaires financières,
gestion du Trésor
- Bureau a libellis : réception des requêtes et
doléances
- Bureau a cogitionibus : affaires judiciaires
Les chefs de bureau sont des affranchis, après Hadrien, ce seront des
chevaliers.
Le conseil du Prince
Il groupa, à partir d’Hadrien, les chefs de bureau
et les hauts fonctionnaires, sous la présidence de l’empereur ou d’un préfet du
prétoire. Il prend de plus en plus d’importance, au point de réduire le Sénat
au simple rôle de conseil municipal de Rome.
CHAP
IV : LE DROIT ET L’EXERCICE DE LA JUSTICE
A.
Le
droit
A l’époque royale, la science juridique est le
privilège des pontifes, au début de la République, des hommes compétents (prudentes)
se spécialisent dans cette étude, mais en tiennent secrètes les formules. Au 5e
siècle, dans le cadre de la lutte des plébéiens pour obtenir l’égalité, ceux-ci
exigent la publication de la loi, trop souvent favorable aux patriciens. C’est
l’origine de la loi des XII Tables : ce texte, rédigé de 451 à 449 par 10
anciens consuls ( decemviri legis faciundi) établissait définitivement
l’égalité civile des patriciens et des plébéiens ; les Romains en étaient
très fiers. Désormais la loi devient l’œuvre du peuple tout entier, réuni en
comices centuriates ou tributes.
1. Différentes
sortes de décisions ayant force des lois
Epoque
républicaine
|
Venant du
Sénat |
: |
a.
Consilium
senatus : approbation du Sénat vis-à-vis d’un projet de la loi ,
elle a la valeur d’une décision b.
Senatus-consultum :
décret du Sénat, qui a valeur d’exécution ( il doit être exécuté) |
|
Venant d’un magistrat |
: |
Lex data :decret d’un magistrat non voté par le
peuple |
|
Venant du peuple |
: |
Lex rogata |
NAISSANCE D’UNE LEX
ROGATA
1.
Un magistrat
propose une loi qui concerne son domaine particulier
2.
Le consul ou
le préteur rédige le projet de loi,
3.
Jusqu’en 339
a.C, les comices discutent le projet en réunions préparatoires, les comices
passant ensuite au vote ; la loi adoptée est validée par les comices
curiates, ratifiée par le Sénat ( auctoritas) ; après 339, le consul ou le
préteur qui a rédigé le projet réunit le Sénat pour obtenir son consilium
préalable, les comices discutent le projet, il n’y a plus de validation par les
comices curiates.
Epoque
impériale
Les lois sont faites par le Sénat sous le contrôle
de l’empereur.
i.
Textes de lois
Le droit romain, c’est-à-dire l’assemblée des lois
établies par les organes législatifs, peut donc être trouvé :
b.
A l’époque républicaine, dans
2)
La loi des
XII Tables
3)
Les lois
votées par les comices tributes
4)
Les sanatus
consultes
5)
L’édit du
préteur urbain, qui publie à son entrée en charge comment il compte exercer le
droit
a.
A l’époque impériale, comme l’empereur a pris le contrôle du pouvoir
législatif et travaille avec ses fonctionnaires, le droit est contenu dans :
6)
Les
edicta : mesures d’ordre général
7)
Les
mandata : instructions aux fonctionnaires impériaux
8)
Les
decrets : jugements rendus par l’empereur
9)
Les
rescripta : réponses à des consultations juridiques
B.
L’exercice
de la Justice
Toute violation d’un droit appelle une sanction,
qui doit être décidée par des hommes compétents. L’organisation judiciaire
romaine a varié au cours des siècles : la pratique du droit à Rome a
longtemps conservé, avec un caractère magique, des pratiques très anciennes.
Jusqu’à la fin de la République on a conservé la procédure dite « per
legis actiones », tel plaignant obtenait gain de cause s’il avait conservé
fidèlement le rituel magique.
a) Procès
privés « iudicia privata »
Ils ont pour but la reconnaissance d’un droit
privé violé par exemple par un vol, le déplacement des bornes d’un terrain,
etc. A l’origine les cas étaient tranchés de manière privée, par arbitrage.
L’Etat romain prenant de l’importance, il a voulu intervenir : c’est
l’origine de la procédure formulaire et des deux phases du procès privé :
10)Phase « in iure » : le représentant de l’Etat,
généralement le préteur, détermine le point de droit, la loi qui en est en
cause, et exprime dans une formule juridique.
11)Phase « in iudicio » : les plaignants se présentent chez
le juge avec la formule du préteur, le juge rend la sentence.
Sous l’Empire, la centralisation croissante mit une partie de ces
compétences entre les mains de l’Empereur et de juges qu’il désignait.
b) Procès
publics « iudicia publica »
L’Etat poursuit les délits de droit commun : homicide,
fabrication de fausse monnaie, crimes politiques. Ces délits relevaient du
consul, mais assez vite il s’établit un droit d’appel aux Comices :
ceux-ci donnèrent délégation à des tribunaux d’abord provisoires puis
définitifs et spécialisés pour un type de crime déterminé : les
quaestiones perpetuae, sorte de jurys présidés par un préteur.
Sous l’Empire, la justice
impériale se substitue à ces jurys à caractère démocratique : l’Empereur
conférait cette juridiction au préfet de la Ville, à Rome, au praefectus
praetorio en Italie et aux gouverneurs dans les provinces. Dans tous les cas,
l’appel à l’empereur ( Caesarem appelo) demeurait possible.
N.B Alors que sous la République tous les citoyens
jouissent de l’égalité pénale, à l’époque impériale le coupable est puni
différemment selon qu’il est honestior, humilior ou esclave.
BIBLIOGRAPHIE
·
Histoire de
la Rome antique, Yann Le Bohec presses universitaires de
France, 2012
·
La
Civilisation romaine de Pierre Grimal,
Arthaud, 1960
·
La Conquête
romaine d'André Piganiol, F. Alcan, 1927
·
Histoire
de la Rome antique, Pierre-Luc BRISSON,
Presse de l’Université Laval 2021
Table des matières
CHAP I : APERCU GENERAL
DE L’HISTOIRE DE ROME
2. LA REPUBLIQUE (509 –
272 a.C)
a. Lutte des plébéiens
pour l’égalité
c. Grandes conquêtes (
272-118 a.C)
I. La dynastie
julio-claudienne ( 27 a.C – 96 p.C)
II. La dynastie des
Flaviens (69-96) : Restauration et Transition
Relations
avec le Sénat et l’Armée
L’Empereur
Bienveillant : Un Règne Court mais Loué
Origines
et Accession au Pouvoir
L’Assassinat
et la Fin de la Dynastie Flavienne
III. Le siècle des
Antonins (96-192)
a) Crise du troisième
siècle (192-284)
b) Dislocation de
l’Empire (305-476)
A. Evolution des cadres de
la société romaine
CHAPITRE III : ORGANES
DE GOUVERNEMENT
2. LE POUVOIR
EXECUTIF : LES MAGISTRATURES
3. EVOLUTION DES ORGANES
DE GOUVERNEMENT AVEC L’EMPIRE
4) Les nouveaux organes
d’administration
CHAP IV : LE DROIT ET
L’EXERCICE DE LA JUSTICE